SANCTUAIRES

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« Pression »
Le piège
Jean-Claude JOLET
2013 « Les dents du tropisme » Le Piège est un système sous pression que définit une différence de potentiel avec son système environnemental. Une clé épistémique permet une interaction entre l’intérieur et l’extérieur du Piège. Cette clé, d’une logique familière à celle du démon de Maxwell, a la possibilité d’opérer un «choix » dans la matière, l’énergie et l’information qui transitent entre les systèmes. En vertu de quoi sa fonction est de générer une boucle rétroactive négative qui altère, complexifie et enrichit par le désordre les systèmes en jeu.
Cédric Mong-Hy Source : Catalogue d’exposition « Le tropisme du Lambrequin » Le piège est une proposition à l’échelle 20 d’un véritable piège qui était usité dans la communauté agricole de la Réunion. Importé d’Occident, il est représentatif du processus d’acculturation exploré par Jean-Claude JOLET, dans le « Tropisme du lambrequin. »
Ce phénomène d’acculturation qui consiste en une « modification de la culture d’un individu sous l’influence d’une autre culture » selon Jean Albany, prend ici une dimension plus pressante. En effet, sous la pression de l’influence occidentale, les populations de La Réunion sont amenées à s’adapter pour survivre et continuer à prendre part au processus d’évolution de leurs communautés.
Le piège choisi par Jean-Claude JOLET est porteur d’une lourde histoire. Dans l’île, les loups et autres bêtes sauvages n’ont jamais été une véritable nuisance. Par contre il est à déplorer que les « bêtes » visées étaient de pauvres erres qui dérobaient les cultures pour survivre. Issu du marronnage puis de la pauvreté, ces personnes étaient piégées comme de vulgaires animaux.
Mais se limiter à cette vision première viendrait à réduire le travail de l’artiste à une approche au premier degré.
La réflexion qu’il propose va bien au-delà. Considérant le poids de l’histoire, du lieu et de l’expansion sociale, Jean-Claude JOLET ouvre à une lecture profonde du processus de construction culturelle. La pression de l’insularité et de la multiplicité originelle des populations est une contrainte forte et incontournable qui oblige à des compromis plus nécessaires, que volontaires.
Les mâchoires de ce piège œuvrent encore aujourd’hui. Leur action est une allégorie qui renvoie à l’idée d’emprisonnement et par extension à celle de « sanctuaire prison. » A contrario d’une vision « exotique, » c’est une observation brute et pertinente des diverses dynamiques qui formatent la construction identitaire des autochtones. Jean-Alain de Balbine

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